ACTU - La banane antillaise attaquée en justice par l'Agence Bio pour publicité mensongère
Publié le 2 Mars 2017
Après une campagne publicitaire choc, le groupement des producteurs antillais de bananes a du subitement la suspendre ce jeudi après une plainte de l'Agence Bio.
« La banane française mieux que bio, c'est possible ! » Ce slogan a été choisi la semaine dernière par l'UGPBAN (Union des Groupements de Producteurs de Bananes) à l'occasion du Salon de l'Agriculture pour promouvoir son fruit jaune. La campagne publicitaire est lancée dans différents journaux et titres de presse comme Le Parisien. Pour justifier son propos, le groupement n'hésite pas à attaquer le label biologique européen. Selon l'UGPBAN, les organismes chargés de contrôler les plans de bananes bio étrangères seraient "payés" par les producteurs eux-même, remettant en cause l'intégrité du label : "les bananes dîtes "bio" importées de certaines régions du monde ne sont pas conformes aux normes européennes, bien plus rigoureuses" :
.@LaBananeDurable Pouquoi ne pas porter le label bio alors si vous êtes meilleurs que les bananes bio étrangères ?... pic.twitter.com/EsrkaJZqsv
— Florian Pierrat (@flopierrat) 27 février 2017
Pourtant aux Antilles, pas une seule banane certifiée bio est produite. En effet, malgré les mesures environnementales prises par le groupement, les productions utilisent encore des produits phytosanitaires -ou pesticides- dans les bananeraies. Information qui n'est bien sûr pas mentionnée dans la controversée publicité. Il faut dire que la banane antillaise fait vivre plus de 10 000 personnes dans la région.
L'Agence Bio riposte devant la justice
Cette campagne publicitaire a fait bondir l’Agence Bio, un organisme chargé de la promotion et du développement du label. Sentie attaquée, la structure a décidé de saisir la justice en début de semaine pour interdire cette publicité jugée "illicite". Et cette dernière a donné raison en référé ce mercredi à l'Agence Bio. L'UGBAN doit suspendre sa campagne publicitaire à compter de ce jeudi. Une décision judiciaire dont s'est félicité Florent Guhl, le président de l'Agence Bio :
Contrairement à ce qu’affirmait cet organisme, il n’existe pas de bananes bio sur le marché français. (...) L’Agence BIO rappelle ainsi que le règlement européen relatif à l'agriculture biologique encadre strictement les importations des pays tiers de tous les produits, y compris les bananes. (...) Pour pouvoir exporter leurs produits bio vers l'Union européenne, les pays tiers ou leurs organismes de contrôle font une demande de reconnaissance afin d'obtenir une équivalence avec le règlement bio européen.
[ [EDIT-Ven. 3/03 18:30] Suite à ce jugement, l'UGPBAN "prend acte" ce vendredi de la décision, mais annonce que "le juge a basé sa décision sur la forme, et non sur le fond. (...) L'épandage par voie aérienne est utilisé par les producteurs bio des pays non européens, alors qu'il est interdit par la réglementation européenne." ]
Depuis, la publicité a été retirée du site des producteurs antillais de bananes.
Malgré tout, les bananes biologiques d'importation sont dans le collimateur. Selon une étude du cabinet AND International, commandée par l'ODEADOM (Organisme pour le développement agricole des départements d'Outre-Mer), et reprise sur le site du Sénat en mars 2016, les bananes bio ne seraient pas parfaites. L'organisme a comparé les productions de bananes antillaises, et les productions de bananes bio de la République Dominicaine. Dans ces dernières, 33 produits phytosanitaires seraient autorisés contre 3 seulement pour les productions antillaises. Mais cette étude est à relativiser : elle a été commandée par un organisme pro-UGBAN.
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